Pouvoir d’achat – la Fédération Syntec en faveur d’une éligibilité de tous les salariés à la « Prime Macron »
Alors que le gouvernement a annoncé une discussion à venir sur le dispositif de prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (PEPA, dite « Prime Macron »), la Fédération Syntec et les syndicats professionnels qu’elle représente demandent un élargissement de l’éligibilité à cette prime à tous les salariés. La fédération pointe notamment un risque d’injustice et d’exclusion pour les secteurs parmi les plus porteurs pour la relance de l’économie française.
« L’élargissement de l’éligibilité à la « Prime Macron » répond à deux enjeux majeurs. D’une part, c’est un atout pour soutenir des métiers au cœur des enjeux de compétitivité, de souveraineté et de transition écologique ; d’autre part, il résoudrait plusieurs problèmes d’équité et éviterait de générer des injustices entre secteurs économiques et entre territoires. Avec la PEPA, le nouveau gouvernement et le futur parlement ont l’opportunité de lutter contre la logique inflationniste tout en soutenant les secteurs qui portent l’économie française. Nous appelons de nos vœux qu’ils s’en saisissent. », commente Laurent Giovachini, Président de la Fédération Syntec.
Le risque d’exclure les secteurs « porteurs »
Les secteurs représentés par la Fédération Syntec (numérique, ingénierie, conseil, formation professionnelle, événementiel) font partie des plus dynamiques en France, absolument essentiels pour répondre aux défis auxquels la France fait face. Souveraineté énergétique, autonomie stratégique, réindustrialisation et, bien sûr, transition écologique reposent en effet sur les compétences et les personnes qui, pour la majorité, se retrouvent exclues du dispositif PEPA tel que pensé actuellement. Cette mise à l’écart des secteurs économiques les plus porteurs va pourtant à l’inverse de recommandations partagées par de nombreuses études qui préconisent aux pouvoirs publics français d’investir davantage dans les secteurs d’avenir.
A ce titre, la Fédération Syntec demande que l’ensemble du salariat soit rendu éligible à la Prime exceptionnelle pour le Pouvoir d’Achat, à l’exception des dirigeants. En se calquant sur la prime exceptionnelle proposée dans le cadre de la loi de 2008 en faveur du pouvoir d’achat, qui concernait tous les salariés sans possibilité d’exclusion, la PEPA remplirait ainsi pleinement le rôle qui lui est assignée : soutenir le pouvoir d’achat et la compétitivité sans amorcer l’inflation.
Un dispositif aujourd’hui générateur d’injustices, voire contreproductif
Outre exclure une part importante du salariat, le dispositif PEPA tel qu’il est actuellement envisagé risque de causer plusieurs effets négatifs collatéraux :
Générer un effet de seuil sur les salaires, voire engager une compression de la distribution des salaires qui s’apparente à un aplatissement de la « pyramide salariale », défavorable aux salariés. Cette compression des rémunérations est défavorable à une grande partie des entreprises pour lesquelles la distribution des rémunérations reflète l’organisation interne de la répartition des responsabilités et des compétences.
Générer des inégalités de traitement entre foyers, voire entre territoires :
- En l’état actuel, le seuil d’éligibilité à la PEPA ne concerne que la personne et non son foyer ; de fait, un couple où chaque personne est payée 3,1 SMIC (soit 6,2 pour le foyer) ne toucherait pas la PEPA, alors qu’un couple à 2,9 SMIC et 4 SMIC (soit 6,9 pour le foyer) y serait éligible.
- Le dispositif actuel ne prend pas en compte les différences régionales du coût de vie, alors même que les loyers et globalement paniers moyens sont bien moins élevés dans certains territoires que dans d’autres.
« Le gouvernement propose un dispositif aux ambitions louables, mais dont la mise en pratique ne correspond pas aux réalités du secteur privé en France. En sa forme actuelle, il risque fort de manquer sa cible – peu d’entreprises prenant le risque de déstabiliser leur pyramide salariale – voire d’entretenir la spirale inflationniste. Il est nécessaire de laisser davantage de latitude aux entreprises pour que cette mesure donne son plein effet », ajoute Laurent Giovachini, Président de la Fédération Syntec.